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01 juillet

Fondamentus© vu par le Petit Journal.com : Un projet d'exception !

FONDAMENTUS - Un projet d'exception

 Fondamentus, c’est l’histoire de toutes les premières fois. Première fois qu’un concert est donné dans l'enceinte sacrée du temple d'Angkor Vat, première fois que le Ballet Royal du Cambodge danse sur de la musique occidentale, première fois que le MNSO (Myanmar National Symphony Orchestra) joue hors de ses frontières birmanes. Grâce à la volonté d’une poignée de gens passionnés, Fondamentus est un rêve aujourd’hui devenu réalité. Retour sur la mise en place d’un projet unique en son genre.

Odile Perceau, compositrice, chef d’orchestre et fondatrice de Fondamentus n’a jamais eu aussi peu de temps pour réaliser un projet. Pourtant, depuis 2002, avec les membres de son association Khloros Concert, elle n’a de cesse de se lancer des défis. Son World Tour, qui s’est achevé en 2012, avait amené Odile et le quatuor de Bordeaux jusque dans l’enceinte de la Cité Interdite de Pékin. Le directeur de l’Ecole Française d’Extrême-Orient (EFEO), Franciscus Verellen, partenaire de la première heure du Khloros et amateur des compositions d’Odile depuis de nombreuses années ainsi qu’Anne Lemaistre, directrice de l’UNESCO Cambodge, assistent alors à l’événement. Transportés par sa musique, ils lui soumettent l’idée d’un spectacle qui aurait lieu sur le site même d’Angkor Vat ainsi qu’en Birmanie.  

Nous sommes en janvier 2013 et les validations écrites ne sont que les prémices d’un travail colossal qu’il reste encore à fournir.

Tout d’abord il était crucial d’élire le lieu adéquat qui accueillerait l’événement parmi les centaines de temples peuplant le site historique cambodgien : "Nous avons choisi la cour ouest à l’intérieur du temple d’Angkor Vat qui répondait au premier impératif, l’acoustique", explique Odile. Il fallu au préalable demander une autorisation à la porte-parole et conseillère d’APSARA (Autorité pour la Protection du Site et l'Aménagement de la Région d'Angkor), Kerya Chau Sun, dont le refus aurait pu être fatal à tout le projet. (Voir la vidéo de l’interview de Kerya Chau Sun) 
"Les anciens connaissaient le secret du nombre d’or et construisait tout par rapport à lui. Dans l’enceinte d’Angkor Vat tout comme dans les Arènes de Syracuse ou à Machu Picchu, que tu sois en haut ou en bas, le résonnement du son est le même. Sur les quatre cours du temple, en apparence identique, Odile a senti celui qui était doté de la bonne vibration", explique Elisabeth Pommereul, artiste peintre et membre du cercle restreint de Khloros.

Par la suite, la mise en place d’un espace scénique dans le respect du lieu sacré a été imaginé par Béatrix de la Tour d’Auvergne qui a travaillé d’arrache pied pendant des mois sur le projet : "Tout musicien sait au fond de lui que dans la musique il y a toujours quelque chose d’impalpable. Béatrix l’a très bien compris", déclare Odile Perceau, évoquant les deux structures de bois qui accueilleront d’une part le public, d’autre part les artistes.

Un des autres défis que l’association a dû relever fut de réussir à faire jouer l’Orchestre National Symphonique à l’étranger. Là encore, Franciscus Verellen fut le lien précieux entre Odile et Aung San Suu Kyi. La lauréate du Prix Nobel de la Paix et leader de l’opposition birmane souhaitait inviter des musiciens européens à venir jouer en Birmanie. Odile accepte sans hésiter. Le gouvernement donne son accord pour que le MNSO se produise au Cambodge dans le temple considéré comme le plus sacré au monde pour les Birmans. Elle devient également chef d’orchestre invitée de l’orchestre pendant trois ans. Les musiciens birmans, ont passé la majeure partie de l’année à travailler avec Odile et répètent depuis une semaine quotidiennement sur le site : "Les musiciens doivent s’acclimater à leurs nouveaux repères. C’est pour cela qu’il faut répéter au maximum, aussi pour que la pierre se nourrisse des sons car le lieu est encore en train de se charger".

Le Quatuor des Equilibres composé d’Agnès Pyka (violon), d’Edouard Sapey-Triomphe (violoncelle), d’Hélène Desaint (violon-alto) et d’Anne-Céline Payolan (violon) jouera également les compositions d’Odile : "Nous travaillons depuis plusieurs mois sur ses partitions que nous avons dû apprendre par cœur pour les besoins de l’événement. Nous avons l’habitude d’apprendre des partitions classiques depuis l’âge de 5 ans mais lorsqu’il s’agit de nouvelles œuvres, aussi complexes que celle d’Odile qui plus est, il y a beaucoup de travail à fournir", explique Edouard. Par ailleurs, Odile a choisi des mélodies d’Haendel et de Bach afin d’être au plus proche des mouvements lents et gracieux des Apsaras du Ballet Royal du Cambodge. Là encore une grande première pour S.A.R. la Princesse Norodom Bopha Devi, directrice du Ballet, qui a imaginé une chorégraphie sur de la musique occidentale : "La Princesse trouve les compositions d’Odile très spirituelles", confie une des membres de Khloros.

La fusion chorégraphique et symphonique dépasse la tradition et peut parfois même donner le vertige : "Depuis dix ans, je me pince tous les jours tant ce que je vis est extraordinaire", confie un des membres de Khloros. Malgré tout, il n’est pas facile de trouver sa place dans le petit monde dogmatique et masculin de la musique classique quand on est une femme talentueuse comme Odile Perceau. 

Son exigence et sa générosité lui ont toutefois permis de s’entourer de personnes dotées de la même énergie gravitant désormais autour d’elle. Les nuits sont courtes pour le noyau dur de l’équipe, composé de femmes remarquables qui exercent, pour la grande majorité, une activité professionnelle à côté de leur implication dans l’association : « Nous sommes comme des funambules qui cherchent en permanence l’équilibre en ayant conscience d’être au-dessus d’un gouffre et lorsqu’on lève les yeux, on aperçoit le haut de la montagne. On se soutient alors et c’est ça qui nous fait avancer », confie Véronique de Grivel Perrigny, principale mécène de Khloros et membre du cercle restreint de l’association. La complicité, l’humour et l’humilité alliés à la passion pour les arts et la musique semblent guider ces femmes au-delà de la fatigue physique et dont l’exigence reste intacte en toutes circonstances. 

Après la Birmanie, Fondamentus continue donc son périple au Cambodge les cinq et six décembre prochain. Odile Perceau souhaite dédier ses œuvres écrites à deux personnes qui lui étaient chères : Elisabeth Furtwängler et Ioana Celibidache, veuves des célébrissimes Chefs d’Orchestres et toutes deux décédées en cours d’année.

L’intégralité des places pour assister à cet événement est sur invitation exclusivement et n’ont pas été mise en vente. La rediffusion en direct du concert aura lieu sur écran géant devant le Palais Royal de Phnom Penh le vendredi six décembre à 18h30.

Anne Tandonnet (www.lepetitjournal.com/cambodge) dimanche 1er décembre 2013


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